jeudi 15 novembre 2018

Le langage non verbal

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« On ne peut pas ne pas communiquer. » Paul Watzlawick

Il ajoutait que  « La communication est une condition sine qua non de la vie humaine et de l'ordre social ». Dans le même état d'esprit, Gregory Batesondisait aussi que « tout comportement est communication », le contexte donnant tout son sens à l'expression verbale.
L'analyse du non verbal aide à appréhender des comportements curieux au premier abord, les "dissonances cognitives" quand par exemple les yeux acquiescent mais la bouche « fait la moue » ou quand le geste dément la parole et que le ton contredit le discours, autant de paradoxes qui n'échappent pas à la sagacité d'un interlocuteur -ou à son approche instinctive- et le mettent mal à l'aise ou l'invitent à la prudence, à la méfiance. [1]

Selon les études effectuées par le professeur Albert Mehrabian [2], dans la transmission d'un message verbal, le sens des mots ne compterait que pour 7 %, contre 38 % pour le ton et la voix et surtout 55 % pour l'impression visuelle. Même si cette proportion de 7%-38% et 55% demande à être relativisée, il n'en reste pas moins qu'il faut garder à l'esprit cette différence d'importance entre le verbal et l'ensemble des attitudes observables.



Si toute relation est d'abord une communication verbale, une autre expression bien souvent inconsciente vient renforcer (ou parfois démentir) les paroles prononcées. Pour bien s'en imprégner, il suffit de "couper le son", de regarder par exemple l'expression d'un mime ou d'un danseur.

  Langage du corps, émotions et mime 

Dans cette optique, les chercheurs ont choisi des extraits de discours qu'un homme politique avait prononcé en 6 langues et les ont diffusés à un auditoire composé des représentants de ces communautés, mais en coupant le son. Résultat : chaque groupe linguistique a reconnu sans peine "sa" langue à la seule projection des images, sans la bande-son, ce qui signifie que chaque langue correspond à un langage corporel composé de gestes, de mimiques, de postures spécifiques...

Le psychologue Paul Ekman pense que les expressions du visage sont universelles, déterminées par la biologie de l'espèce. En 1972, il définit 7 émotions fondamentales qui sont la colère, le dégoût, la haine, la joie, la peur, la tristesse et la surprise.

  Traduction non verbale des émotions

Gregory Bateson, le "père" de l'École de Palo-Alto parle de la « double contrainte », évoquant le fait que l'on peut très bien envoyer simultanément deux messages contradictoires car le langage du corps peut accompagner le sens des mots prononcés, mais il peut également le contredire, brouillant ainsi le message, et provoquer une certaine gêne, une certain malaise chez le (ou les) locuteur(s).

Le non-verbal est en fait un monde en soi. Il recouvre tout ce que nos sens, au-delà de la voix- apportent d'informations à tout ce qui accompagne le discours. Cette approche est loin d'être récente. Au XVIIe siècle déjà, on enseignait l'art de discourir à travers l'élocution aussi bien que l'art de maîtriser ses gestes et de se composer une attitude. Deux siècles plus tard, c'est Darwin qui met en évidence le rôle des émotions dans la communication humaine. [3] Il a également ouvert la voie à l'éthologie, la science du comportement, essentielle à la compréhension des mécanismes psychologiques de la communication.

                          

Le sociologue Erwin Goffman de l'École de Chicago analysa la représentation de soi à travers des attributs extérieurs comme la tenue vestimentaire ou personnels comme les attitudes, l'élocution, les mimiques... Il mit en évidence l'interaction des signes émis dans l'environnement d'un dialogue. [4]

Les paramètres de la communication

« Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. »
Bernard Werber


Les outils de communication comme l'analyse transactionnelle et la P.N.L.ont d'abord pour but de développer le comportement individuel pour améliorer sa façon de communiquer avec les autres.
Utilisées dans beaucoup de disciplines - thérapies, coaching, marketing ou management- ces outils se retrouvent dans toute volonté d'améliorer la communication stratégique, mieux vivre, mieux vendre, mieux diriger ou, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, mieux communiquer et considèrent l'expression non verbale comme élément essentiel des mécanismes de communication.

En Analyse transactionnelle, un échange parallèle garantit une relation apaisée, absente de conflit comme quand un locuteur fonctionnant en mode « Enfant » s’adresse à un autre en mode « Parent » , ce dernier répondant "en parallèle" au locuteur « Enfant » :


Par contre, quand l'échange est dit "croisé", la relation est  biaisée, génératrice de malaise ou carrément d'opposition, comme dans ce cas où un locuteur « Adulte » pense a priori s’adresser à un autre « Adulte » en lui demandant par exemple de lui rendre un dossier avant telle date. Si le second locuteur se sent testé ou pris en faute,  il va donner une réponse de type « Enfant », tergiversant, soupçonnant l'autre d'être en position « Parent », établissant une relation croisée non plus Adulte/ Adulte mais Parent/enfant :


La P.N.L., centrée sur le rôle des sens dans la communication, offre aussi un large champ d'investigation.

Programmation : mémorisation de nos expériences, nos ressentis, ce qui permet de nous adapter aux évènements et aux personnes qui nous entourent. Ce corpus d'informations (ou programmes) influence largement  nos façons d’agir, de nous comporter,  et génère des automatismes.
Neuro : c'est notre activité neurologique qui permet d'enregistrer toutes ces données dans la mémoire . La P.N.L. doit justement permettre, à travers des techniques appropriées, de construire, restructurer ou désactiver des séquences ou des programmes inadaptés.
Linguistique : ce passe par un instrument qui est le langage utilisé, qui structure nos pensées et sert de révélateur à travers les mots (expression verbale) et les gestuel (expression non verbale ou langage du corps.

* Les silences
« Qui exprime mieux la joie que le silence ? Si j'ai pu dire combien grand était mon bonheur, c'est qu'il était petit. » Shakespeare


Ils sont rarement neutres et peuvent prendre des formes variées silences irrité ou outré, de réflexion, d'ennui, d'indifférence, d'incompréhension, de déférence ou de respect, de complicité, de douleur, de défi... d'où la difficulté de les interpréter.

* Le paralangage : gestes et attitudes

Si certaines postures sont révélatrices d'un état d'esprit, d'autres sont beaucoup plus difficiles à évaluer et demandent à être recoupées par d'autres informations.
La gestuelle se manifeste par des postures spécifiques du corps dont les plus répandues sont le hochement de tête (de droite à gauche et de haut en bas), la 
main tendue en signe de paix, le poing levé en signe de révolte.


Outre les signes conventionnels comme "l'au revoir" ou les applaudissements, on trouve aussi croiser les bras ou les jambes, on trouve aussi les "réajustements", la mèche de cheveux, les rougeurs ou à l'inverse les lividités, le changement fréquent de postule, la position assise très raide ou au contraire très relâchée... champ considérable d'investigation pour la P.N.L.


Certains chercheurs mettent en avant une typologie  reposant sur les profils suivants : le bavard, le commandeur, le dormeur, l'oppositionnel, le retors, le savant, le timide, le vindicatif. 

* Le paralangage : mouvements corporels
On retrouve dans cette catégorie tout ce qui concerne les expressions faciales et les mimiques, le regard étant l'organe essentiel de ces comportements le plus souvent incontrôlés qui peuvent trahir l'agacement, l'ennui ou l'irritation.

 Langage corporel 

* Le paralangage : le langage d'objets et l'apparence 
L'apparence véhicule une image de soi qui est certes élaborée, consciente, mais peut aussi comporter des éléments inconscients caractéristiques d'un groupe ou d'un milieu social. Respecter ou contester les codes sociaux renvoie une image dont il faut assumer les implications, sachant que l'image projetée (image de soi) n'est pas forcément l'image qu'on aimerait donner ou  l'image reçue telle que perçue par autrui.



Contexte des messages non verbaux  
Communiquer efficacement nécessite ce connaître les rituels utilisés par ses interlocuteurs pour 
mieux prendre en compte les différences de culture, des plus simples comme la façon de se saluer, de se séparer ou de remercier, jusqu'aux usages familiaux et professionnels.  

De même dans d'autres cultures le temps et l'espace n'ont pas la même valeur. Les notions d'urgence et de retard sont plus relatives en Afrique qu'en Europe par exemple, de même que dans les pays occidentaux, on a tendance à vouloir "garder ses distances" et le territoire personnel est considéré comme un domaine réservé. 
D'une façon générale, pour qu'une communication soit réussie, il doit y avoir concordance entre le verbal et le non verbal.

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